Personne ne devrait être surpris de l’annulation, au dernier moment vendredi soir, du concert de la diva britannique Amy Winehouse au festival Rock en Seine. Véritable cadavre sur pattes, la jeune femme traîne son mal être sur les scènes du monde entier entre deux séjours en clinique de désintoxication. Hélas on croît rêver en écoutant la réaction à chaud de certains spectateurs, interrogés par une chaîne de télé. Ainsi un couple britannique reproche à Amy de leur avoir fait traverser la Manche pour rien, tandis qu’un Français l’accuse d’être « une petite dame », qui veut faire parler d’elle dans les journaux. Et si elle était morte en coulisses, il aurait crié au génie marketing ?
Les boires et déboires des stars du showbiz n’ont rien d’inédit même si jusqu’à la mort de Kurt Cobain en 1994, ma génération avait le sentiment que nos musiciens préférés étaient devenus presque trop raisonnables, tirant les leçons des grands sacrifiés de l’histoire du rock, de Janis Joplin à Jimi Hendrix en passant par Bon Scott d’AC/DC et John Bonham de Led Zeppelin. En 2008, il semble qu’une partie du public, née à l’ère du divertissement virtuel, ait oublié qu’un chanteur, ça perd sa voix, ça pète les plombs, ça casse tout et parfois… Ca meurt. Qu’une maison de disques, un manager, une famille, qu’un public laisse encore Amy Winehouse monter sur scène me laisse pantois. Récemment des moines autrichiens ont proposé de l’héberger quelques semaines pour disserter avec elle du sens de la vie. Ils sont sans doute un peu farfelus. Mais ils me paraissent infiniment plus sensés que les imbéciles qui s’amusent, depuis plusieurs mois, à parier sur Internet sur la mort de l'interprète du bien nommé "Rehab". Et puis soyons honnête : un concert annulé d’Amy Winehouse sonnera toujours mieux qu’une minute de Céline Dion à Las Vegas, non ?