Je m’étais assoupi au bout d’un quart d’heure de « Mémoires de nos pères », le premier film de Clint Eastwood consacré à la bataille d’Iwo Jima. Ca arrive, que voulez vous. Je me suis à nouveau assoupi – quelques minutes, je vous rassure - au tout début de « Lettres d’Iwo Jima », la même histoire racontée du point de vue japonais. Sauf que cette fois j’ai vraiment apprécié ce que j’ai vu ensuite. Un grand film de guerre, âpre et désespéré, « beau comme un film japonais », ont dit les critiques nippons. « Mémoires de nos pères » m’avait déplu pour son côté pacifiste un peu convenu. Bien sûr la guerre c’est mal, ces pauvres soldats qui écrivent à leur mère, le cynisme de la hiérarchie militaire, le parallèle avec l’Irak, etc. Bla bla bla… Je ne suis pas du tout anti-américain, mais bon… Vu du côté japonais, c’est soudain plus intéressant. Parce que les codes militaires sont différents, le rapport à la mort surtout. La scène où les soldats se suicident à la grenade les uns devant les autres est l’une des plus stupéfiantes qu’il m’ait été donné de voir depuis longtemps. Très académique dans "Mémoires de nos pères", la mise en scène du grand Clint est soudain plus lumineuse, plus ample, plus puissante. Comme si tourner dans une langue qu’il ne maîtrise certainement pas l’avait libéré de quelque chose. Bizarre, non ? Je devrais peut-être tourner mon court-métrage en polonais…
« Lettres d’Iwo Jima », qui sort chez nous le 21 février, était présenté ce dimanche à la Berlinale et il ne serait pas étonnant qu’il soit présent au palmarès dans une semaine, avant de concourir à l’Oscar du meilleur film le 25 février prochain. Je suis pour « Babel », mais ça vous le savez sans doute déjà.
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