Les Dardenne chez Ceausescu ?

Alors, alors. Jérôme, faut-il aller voir la Palme d’Or ? On n’arrête plus de me poser la question. Et ma réponse… « Ben, ça dépend ! ». Ca dépend si vous voulez vous détendre samedi soir avec votre copain, copine. Là, ç’est même pas la peine. Si vous êtes plus cinéphile, là aussi ça dépend. Parce que Cristian Mungiu et ses camarades de la nouvelle école roumaine ne sont pas des rigolos, et je ne dis pas ça seulement à cause de la coupe de cheveux. 4 mois 3 semaines et 2 jours est un film austère, difficile… un peu chiant. « Exigeant » diront certains.  « Les Dardenne chez Ceausescu » me souffle ma mauvaise conscience. On aime, ou pas, mais c’est quand même plus gonflé que n’importe quel film français sorti ces douze derniers mois.
Le plus gênant pour moi reste cette polémique née de la distribution du DVD du film dans les écoles, conséquence du prix de l’Education nationale récolté à Cannes. Faut-il montrer un film qui traite de l’avortement à des collégiens et des lycées ? Bien sûr ! Celui-là ? A voir. Certains syndicats ont crié à la censure lorsque le ministre de l’Education nationale a émis des réserves. On peut quand même se demander comment vont se sentir les jeunes spectatrices en voyant l’affreux « Monsieur Bébé » poser une sonde entre les cuisses de Gabita. Ne parlons pas du moment où elles vont contempler un peu plus tard un fœtus mort en gros plan ? Oseront-elles encore avorter comme c’est leur droit le plus élémentaire après un tel choc ? Je vomis les cathos intégristes, mais je me demande si la violence du film de Mungiu – et ce gros plan de fœtus en particulier - ne fait pas maladroitement leur jeu… Dans le concert de louanges convenus qui entoure la sortie de la Palme, je me permets donc cette petite réserve. Qu’on me corrige si je me trompe !