Dur, dur, les top 10. Mais nécessaire pour mettre de l'ordre dans ses idées. Autant le dire tout de suite, je pourrais ajouter à ce classement deux films que j'ai vu en 2007 mais qui ne sortent que chez nous début 2008, No Country For Old Men des frères Coen et Lust Caution de Ang Lee. Reste que ce petit palmarès tout personnel, qui aurait pu comporter un film français, Anna M., est un instantané de ce qui me reste, me trotte encore dans la tête, parfois plusieurs mois après la dernière vision. Bon signe.
1. Little Children de Todd Fields
Histoire de ne pas mettre le Lynch en première place. Et surtout parce que ce film superbe est passé trop inaperçu chez nous. Kate Winslet est incroyable en Madame Bovary perdue dans une banlieue résidentielle américaine, comme chacun des protagonistes de ce drame moite et radical. Todd Fields - le mec avec la petite moustache qui jouait du piano dans Eyes Wide Shut, c’est lui – retenez bien ce nom.
2. Inland Empire de David Lynch
Mon année 2007 a bien sûr été marquée par ma rencontre avec mon cinéaste préféré et sa tentative toutefois manquée de me convertir à la méditation transcendantale. A l’heure où Cronenberg réalise des polars efficaces, le malaise en moins, Lynch affine, apure, révolutionne son cinéma en passant au numérique. Dans deux ans, tout le monde fera comme lui. Comme d’habitude.
3. Ratatouille de Brad Bird
Le plus gros film de l’année en termes de business est aussi l’un des plus épatants Et ce n’est pas compliqué à dire. Drôle et intelligente, une formidable comédie burlesque, le meilleur de Pixar et Disney réunis. Et puis un blockbuster américain qui aime autant la France, et vous donne en plus envie d’adopter un rate d’égout, c’est quasi mystique, non ?
4. La vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck
Comme quoi le bouche oreille fonctionne toujours. L’Oscar du meilleur film est le seul film ni Français, ni Américain (cf mon post précédent) que la plupart d’entre vous ont vu cette année. Une tragédie sublime qui raconte la censure des cœurs et des esprits dans l’ex-RDA par l’intermédiaire d’un petit fonctionnaire de la Stasi interprété par l’exceptionnel Ulrich Mühe, décédé cet été. Pas comique pour un Deutsch Mark, mais tellement beau.
5. Les femmes de ses rêves de Bobby et Peter Farrelly
Si vous ne rigolez pas comme un âne avec moi, vous n’êtes plus mon ami(e). Ben Stiller, c’est l’homme le plus drôle du monde. Les cheveux gris en plus, les retrouvailles avec les frères Farrelly sont l’occasion d’une émouvante comédie sur le célibat, filmée et interprétée au millimètre. En prime, la foufoune percée la plus géniale de l’histoire du cinéma.
6. Apocalypto de Mel Gibson
Oui Mel Gibson est un barbare. Et on l’aime comme ça ! Filmé en numérique super haute définition de la mort qui tue, son Apocalypto est une divine chasse à l’homme pleine de chaire et de sang, de chants mystiques et de têtes qui roulent tout en bas du temple du soleil. Au bout de deux heures où a envie de se cogner le torse en hurlant, une activité pas très intellectuelle, certes, mais extrêmement libératrice. Essayez.
7. Black Snake Moan de Craig Brewer
Craig Brewer, c’est un Tarantino qui ne se la raconte pas. Et qui n’est pas sélectionné à Cannes. Pourtant ce type est incroyablement doué pour filmer la musique, l’instant magique où les corps se déhanchent mais aussi celui où l’inspiration frappe l’artiste en plein cœur, comme la foudre un soir d’orage. Et puis Cristina Ricci enchaînée au radiateur de Samuel Jackson, c’est trop cool. Non ?
8. Paranoid Park de Gus Van Sant
Les cheveux gras de Gus Van Sant, ce n’est pas trop mon truc. Mais son cinéma atteint ici des sommets de finesse et d’élégance, y compris lorsque le type qui poursuit le jeune skateur est coupé en deux sur la voie ferrée. Un trip aussi plastique qu’émotionnel qui trouve l’équilibre juste du début à la fin. On devrait lui proposer de filmer une partie de Tektonik au Forum des Halles, ce serait la 2e Palme d’Or assurée.
9. Delirious de Tom DiCillo
La meilleure comédie sur la célébrité que j’ai vu depuis… Ben je sais pas mais très bien quand même. Sans vouloir encore dire du mal de Tarantino, il y a chez Tom DiCillo un côté artisan modeste qui m’enchante et rappelle la simplicité des grandes comédies classiques américaines. Un film à montrer à Britney Spears et Amy Winehouse, quoi qu’il en soit.
10. ex-aequo The Lookout de Scott Frank & La nuit nous appartient de James Gray
Ben pourquoi pas ? Personne n’a vu le premier, un polar ingénieux interprété par le meilleur jeune acteur américain du moment, Joseph Gordon-Levitt, dans la peau d’un veilleur de nuit hanté par l’accident qui a brisé sa vie. Beaucoup ont craché sur le second à Cannes avant de comprendre la puissance subversive de cet anti-film de flics traversé par la performance électrique de Joaquin Phoenix. Respect.