J’ai été assez désespéré de voir avec quel dédain certains médias ont présenté " Apocalypto ", le dernier film de Mel Gibson sorti mercredi dernier. " Controversé " est sans doute le mot qui est revenu le plus souvent à propos de l’acteur réalisateur, ex aequo ou presque avec " alcoolique ". Et " violent " aussi. Comme s’il fallait mettre en garde le bon public, le dissuader de se précipiter dans les salles pour découvrir ce blockbuster impur. Au final on nous a davantage parlé de la mauvaise réputation de Gibson que des qualités intrinsèques de son film, qui sont pourtant très nombreuses. Prenant, rapide, réaliste, purement divertissant d’abord, c’est du grand spectacle barbare et un peu mystique, avec une sorte de Mowgli hardcore dans le rôle principal. Rudy Youngblood qu’il s’appelle, tout un programme.
Alors oui Gibson est " controversé ", " alcoolique " et " violent ". Mais qu’est-ce que ça peut bien foutre ? Prenez, au hasard, le cas d’Abel Ferrara. Il est bourré 22 heures par jours sur 24 et il l’était sans doute sûrement que lorsqu’il faisait " Bad Lieutenant " ou " King of New York ", ses meilleurs films, assez " violents " et " controversés " dans leur genre. A un autre niveau, le fameux Jean-Claude Brisseau a fait la Une des journaux parce qu’il était attaqué par deux actrices à qui il avait demandé de se masturber devant lui pour des essais. C’est très " controversé " et sans doute Brisseau a-t-il descendu quelques litres de pinard pour oublier ses déboires avec la justice. Et les médias d’oublier de dire que " Noce Blanche ", " Choses secrètes " et le film en question " Les Anges exterminateurs " sont de belles grandes oeuvres qui méritent d’être vues et défendues.
En 2007 je me demande si les artistes ont encore le droit d’être un peu fêlés, un peu tordus, un peu pas comme les autres. C’est sûr, ça n’aide pas lorsqu’il s’agit d’aller faire la promo des films dans les émissions people – n’est-ce pas Guillaume Depardieu ? Au moins Mel Gibson a résolu le problème : il ne fait pas d’interview. C’est un peu radical, mais bon...
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