J’ai eu un peu de mal à trouver l’inspiration pour ce blog ces derniers jours. En panne de grand coup de coeur cinématographique, il me fallait un bon petit coup de gueule. Et il est arrivé ! Mardi matin sur RTL ce grand beauf de Laurent Gerra, imitant Jean-Claude Brialy, s’est gaussé du César du meilleur film accordé à « Lady Chatterley », le comparant à un vieux téléfilm de France 3 tout juste bon à exciter Jeanne Moreau. Quoi c’est vrai, un film sans star, réalisé par une cinéaste intello – elle a fait l’IDHEC ! – sorti dans des salles d’art et essai et qui n’a même pas réussi à atteindre 200 000 entrées ! Ben oui, quoi. Laurent Gerra, le beauf ultime, aurait sans doute préféré qu’on donne le prix à Patrice Leconte pour « Les Bronzés 3 », cette géniale comédie populaire interprétée par des acteurs exigeants, et qui a réuni presque 11 millions d’entrées dans toute la France, douce France. J’imagine bien le père Gerra, s’esclaffer comme un baudet devant sa télé, sa principale source d’inspiration, en découvrant le palmarès des César. Le pire, c’est qu’il doit trouver vraiment ça scandaleux qu’on récompense « Lady Chatterley ». Et qu’il utilise l’humour, encore heureux, pour exprimer son mécontentement. Ce genre de type, et leurs réflexions, c’est ce qu’il y a de pire pour le cinéma. Ces gens qui nous font croire qu’il y a d’un côté le bon cinéma populaire – Fernandel, Bourvil, Clavier – de l’autre le cinéma intello pour se branler le cerveau – Bresson, Pialat, Ferran – et que les deux sont inconciliables. Remarquez on les trouve dans les deux camps. Certains critiques dans Les Cahiers ou les Inrocks qui nous font croire que le cinéma français régresse parce qu’on produit trop de films. La belle affaire. Vous savez combien ils produisent de films par an en Belgique ou en Ecosse ? Entre 3 et 5 au grand maximum. Nous, 200 ! Et c’est pour ça qu’on peut voir la même année « Ne le dis à personne » et « Lady Chatterley », mais aussi « Le dernier des fous », « OSS 117 » et « Les amants maléfiques ». Eh oui, il y a de la diversité dans le cinéma français ! Et le public en a ras le bol des distinctions entre films commerciaux et films d’auteur. Entre les méchants films de droite et les gentils films de gauche. Ou l'inverse. Il veut juste des bons films, une notion finalement très subjective, reconnaissons-le. Faut que je fasse gaffe, j’ai l’impression de parler comme Bayrou maintenant...