La claque. Je n’avais pas vu « Little Children », ni à Deauville, ni en projo presse, et j’ai découvert le deuxième film de Todd Field vendredi soir, comme un spectateur lambda, dans une salle absolument captivée. « Little Children », c’est un peu « Bienvenue dans l’âge adulte ». Ou « Madame Bovary chez les beaufs ». Ou « Sex in the suburbs ». Il y a une jeune mère un peu boulotte (Kate Winslet), mariée à un accroc des sites de cul, un jeune père (Patrick Wilson) tyrannisé par sa femme réalisatrice de documentaires (Jennifer Connelly, mamamia). Il y a aussi un exhibitionniste, que tout le voisinage redoute, soumis à sa vieille mère acariâtre. Et puis toute une galerie de « MILF » (Mother, I’d like to fuck), ces mères de familles américaines qui ne pensent qu’à baiser dans le dos de leur mari en col bleu. Plus qu’un portrait de l’Amérique des pavillons, « Little children » est un portrait au rasoir de la condition humaine, froid, cruel, mais jamais dénué d’humour. Toutes nos hypocrisies, nos lâchetés, nos rêves inassouvis y sont passés en revue avec un sens du détail peu commun. La photographie est somptueuse et certaines scènes méritent d’être vues et revues dans les écoles de cinéma, pas les passionnés du septième art et tous les autres aussi. Je pense notamment à ce moment formidable où le pervers, Ronald McGorvey, vient se baigner parmi les enfants dans la piscine municipale, avec masque, palme et tuba. Les parents s’en aperçoivent et ordonnent à leurs petits de sortir de l’eau, les uns après les autres dans un mouvement de panique. McGorvey se retrouve seul dans la piscine, ondulant comme un têtard dans un marécage devant la foule silencieuse. Lorsque la police vient le chercher, les enfants retournent dans l’eau et l’après-midi reprend son cours comme si de rien était. « Je voulais juste me rafraîchir ! », proteste McGorvey. Terrible.
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